«Un livre de mémoire...»
Invité à parler de son œuvre, Anouar Benmalek s'est montré très attachant bien qu'assez virulent et nourri de colère contre un pays riche qui s'occupe mal de ses enfants...
Pas facile d'écrire sur une chère personne qu'on vient de perdre. Anouar Benmalek vient de le faire dans son récit Tu ne mourras plus demain édité aux éditions Casbah. Avant la mort de sa mère, l'auteur de Ô Maria projetait d'écrire sur la famille de cette dernière et sur celle de son père. «S'y trouvaient réunis, me semblait-il, tous les ingrédients pour une saga enfiévrée courant sur deux siècles et demi au moins, mêlant Afrique, Europe, Monde arabe, religions, langues, sur fond de fureurs apocalyptiques, d'amours et de violences folles» mais voilà que survient la cassure à laquelle on ne s'y attend pas et qui fait basculer l'être humain dans un trou béant indescriptible. «Qui s'étonnera que j'écrive? Ma généalogie est un roman. Mais aujourd'hui maman est morte. Et le seul roman que j'aimerais écrire, c'est celui de l'amour que je ne lui ai pas assez manifesté», écrit Anouar Benmalek.
Dans un long monologue où l'écrivain s'adresse à sa mère, l'auteur nous plonge dans sa vie intime mais aussi celle des Algériens avec et ses instants de bonheur et ses aléas. Un livre intime plein de pudeur mais intransigeant et profond. Invité à parler de son œuvre, Anouar Benmalek s'est montré très attachant bien qu'assez virulent et nourri de colère contre un pays riche qui «soigne mal ses enfants et respecte mal sa population». «Mon très grand regret est de ne pas avoir dit suffisamment, je t'aime, à ma mère; nous sommes la seule créature qui a conscience qu'elle va mourir et qui n'en tient pas compte», dira-t-il en substance. Anouar Benmalek qui déplorera l'état de nos hôpitaux et le manque de civisme qui y règne, des signe indignes dira-t-il d'un grand pays. Et de se demander: «Comment cela puisse changer si tout le monde se fiche de ses concitoyens? Cela dénote du mépris que nous éprouvons envers nous-mêmes. Pourquoi subissons-nous ce mépris? Malgré tout, nous ne sommes pas condamnés à l'indignité. Je suis optimiste de nature.»
Aussi, selon Anouar Benmalek, l'Algérie n'a pas de quoi rougir ou avoir honte, condamnée à sortir qu'elle est de cette crise. L'auteur de L'Enfant du peuple ancien fera remarquer que bien avant l'Egypte et la Tunisie, l'Algérie a contribué à cette révolte arabe en prenant part à cette envie de liberté en 1988. Il soulignera aussi les potentialités des Algériens à se battre tout en indiquant que nous avons une presse qui est la moins corsetée. Revenant à son écriture, Anouar Benmalek admettra que s'il avait vécu sous d'autres cieux il aurait écrit des livres plus sereins, bien qu'il aime bien ce qu'il fait. Evoquant une autre femme qui a marqué son enfance et qu'il a perdue trop tôt, l'auteur, né de père algérien et mère marocaine, confiera que sa disparition fut également soudaine ne lui laissant pas le temps de lui dire, «je t'aime». Cette femme est sa grand-mère russe trapéziste de son état à laquelle Anouar Benmalek vouait -cela se ressent- une admiration sans borne. Evoquant la diversité culturelle en Algérie et l'apport de l'étranger à juste titre dans cet enrichissement, Anouar Benmalek déplorera le fait que les Algériens refusent le métissage.
A propos de son titre, Tu ne mourras plus demain, Anouar Benmalek dira qu'écrire ce livre était une manière de sauver sa mère de l'oubli, qui est une seconde mort qui accable en général les gens qui partent «si tenté de la maintenir en vie par le souvenir car c'est aussi un livre de la mémoire». Pour améliorer notre vie, Anouar Benmalek soulignera cette nécessité de faire chacun son travail à son niveau afin, dira-t-il «de réussir l'utopie. Nous le devons à nos parents».
Revenant à son activité, Anouar Benmalek reprochera aux autorités le fait de ne pas pouvoir aller à la rencontre des jeunes des écoles comme c'est le cas en France. «En Algérie, il faut une autorisation ministérielle! En France je rencontre souvent les écoliers...»
Enfin, évoquant la gabegie aussi qui règne dans notre pays, Anouar Benmalek qui souligne que «jamais un slogan d'un Salon du livre n'a été aussi juste (le Livre délivre)», dira que l'une des solutions à mettre en place pour s'en sortir sont les bibliothèques de prêt qui peuvent avoir un impact important eu égard à l'importance des moyens que possède l'Algérie. «C'est l'un des plus grands services à rendre à la jeune génération» fera-t-il remarquer.
Par O. HIND -
Invité à parler de son œuvre, Anouar Benmalek s'est montré très attachant bien qu'assez virulent et nourri de colère contre un pays riche qui s'occupe mal de ses enfants...
Pas facile d'écrire sur une chère personne qu'on vient de perdre. Anouar Benmalek vient de le faire dans son récit Tu ne mourras plus demain édité aux éditions Casbah. Avant la mort de sa mère, l'auteur de Ô Maria projetait d'écrire sur la famille de cette dernière et sur celle de son père. «S'y trouvaient réunis, me semblait-il, tous les ingrédients pour une saga enfiévrée courant sur deux siècles et demi au moins, mêlant Afrique, Europe, Monde arabe, religions, langues, sur fond de fureurs apocalyptiques, d'amours et de violences folles» mais voilà que survient la cassure à laquelle on ne s'y attend pas et qui fait basculer l'être humain dans un trou béant indescriptible. «Qui s'étonnera que j'écrive? Ma généalogie est un roman. Mais aujourd'hui maman est morte. Et le seul roman que j'aimerais écrire, c'est celui de l'amour que je ne lui ai pas assez manifesté», écrit Anouar Benmalek.
Dans un long monologue où l'écrivain s'adresse à sa mère, l'auteur nous plonge dans sa vie intime mais aussi celle des Algériens avec et ses instants de bonheur et ses aléas. Un livre intime plein de pudeur mais intransigeant et profond. Invité à parler de son œuvre, Anouar Benmalek s'est montré très attachant bien qu'assez virulent et nourri de colère contre un pays riche qui «soigne mal ses enfants et respecte mal sa population». «Mon très grand regret est de ne pas avoir dit suffisamment, je t'aime, à ma mère; nous sommes la seule créature qui a conscience qu'elle va mourir et qui n'en tient pas compte», dira-t-il en substance. Anouar Benmalek qui déplorera l'état de nos hôpitaux et le manque de civisme qui y règne, des signe indignes dira-t-il d'un grand pays. Et de se demander: «Comment cela puisse changer si tout le monde se fiche de ses concitoyens? Cela dénote du mépris que nous éprouvons envers nous-mêmes. Pourquoi subissons-nous ce mépris? Malgré tout, nous ne sommes pas condamnés à l'indignité. Je suis optimiste de nature.»
Aussi, selon Anouar Benmalek, l'Algérie n'a pas de quoi rougir ou avoir honte, condamnée à sortir qu'elle est de cette crise. L'auteur de L'Enfant du peuple ancien fera remarquer que bien avant l'Egypte et la Tunisie, l'Algérie a contribué à cette révolte arabe en prenant part à cette envie de liberté en 1988. Il soulignera aussi les potentialités des Algériens à se battre tout en indiquant que nous avons une presse qui est la moins corsetée. Revenant à son écriture, Anouar Benmalek admettra que s'il avait vécu sous d'autres cieux il aurait écrit des livres plus sereins, bien qu'il aime bien ce qu'il fait. Evoquant une autre femme qui a marqué son enfance et qu'il a perdue trop tôt, l'auteur, né de père algérien et mère marocaine, confiera que sa disparition fut également soudaine ne lui laissant pas le temps de lui dire, «je t'aime». Cette femme est sa grand-mère russe trapéziste de son état à laquelle Anouar Benmalek vouait -cela se ressent- une admiration sans borne. Evoquant la diversité culturelle en Algérie et l'apport de l'étranger à juste titre dans cet enrichissement, Anouar Benmalek déplorera le fait que les Algériens refusent le métissage.
A propos de son titre, Tu ne mourras plus demain, Anouar Benmalek dira qu'écrire ce livre était une manière de sauver sa mère de l'oubli, qui est une seconde mort qui accable en général les gens qui partent «si tenté de la maintenir en vie par le souvenir car c'est aussi un livre de la mémoire». Pour améliorer notre vie, Anouar Benmalek soulignera cette nécessité de faire chacun son travail à son niveau afin, dira-t-il «de réussir l'utopie. Nous le devons à nos parents».
Revenant à son activité, Anouar Benmalek reprochera aux autorités le fait de ne pas pouvoir aller à la rencontre des jeunes des écoles comme c'est le cas en France. «En Algérie, il faut une autorisation ministérielle! En France je rencontre souvent les écoliers...»
Enfin, évoquant la gabegie aussi qui règne dans notre pays, Anouar Benmalek qui souligne que «jamais un slogan d'un Salon du livre n'a été aussi juste (le Livre délivre)», dira que l'une des solutions à mettre en place pour s'en sortir sont les bibliothèques de prêt qui peuvent avoir un impact important eu égard à l'importance des moyens que possède l'Algérie. «C'est l'un des plus grands services à rendre à la jeune génération» fera-t-il remarquer.
Par O. HIND -
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