𝑵𝒐𝒖𝒔 𝒔𝒐𝒎𝒎𝒆𝒔 𝒆𝒏 𝒅𝒆́𝒄𝒆𝒎𝒃𝒓𝒆 2025. 𝑱'𝒂𝒊 𝒅𝒐𝒏𝒏𝒆́ 𝒄𝒆𝒕𝒕𝒆 𝒊𝒏𝒕𝒆𝒓𝒗𝒊𝒆𝒘 à Berbère TV en 2021 𝒍𝒐𝒓𝒔 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒑𝒂𝒓𝒖𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅'𝒖𝒏 𝒑𝒓𝒆́𝒄𝒆́𝒅𝒆𝒏𝒕 𝒍𝒊𝒗𝒓𝒆. 𝑸𝒖𝒆𝒍𝒒𝒖𝒆𝒔 𝒂𝒏𝒏𝒆́𝒆𝒔 𝒂𝒑𝒓𝒆̀𝒔, mon propos 𝒓𝒆𝒔𝒕𝒆 𝒎𝒂𝒍𝒉𝒆𝒖𝒓𝒆𝒖𝒔𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒆𝒏𝒄𝒐𝒓𝒆 𝒅'𝒂𝒄𝒕𝒖𝒂𝒍𝒊𝒕𝒆́...
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𝟏𝟖 𝐧𝐨𝐯𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞
𝟐𝟎𝟐𝟏
- - Anouar Benmalek est l'invité de Actuyal sur Berbère Télévision :
"𝑳𝒂 𝒍𝒊𝒃𝒆𝒓𝒕𝒆́ 𝒅’𝒆𝒙𝒑𝒓𝒆𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒆𝒔𝒕 𝒖𝒏 𝒅𝒓𝒐𝒊𝒕, 𝒑𝒂𝒔 𝒖𝒏𝒆 𝒇𝒂𝒗𝒆𝒖𝒓 !"
Anouar Benmalek : Les pays
deviennent de grands pays s’ils admettent pour fondement de leur société la
liberté de pensée et d’expression. Si l’Algérie ne le veut pas, eh bien elle
deviendra un petit pays, un petit pays que ses enfants haïront, qu’ils voudront
quitter au prix de leur vie — c'est ce qu'on voit d'ailleurs.
Si l’Algérie persiste à avoir ce
comportement de pays intolérant, qui voudra être Algérien ? Ne resteront que
ceux qui ne peuvent pas aller ailleurs. C’est terrible, ce constat d’échec
quand on voit des jeunes de quartier en Algérie ne penser qu’à une chose: ce
que le président appelle « le rêve européen ». Mais pourquoi n’y a-t-il pas de « rêve
algérien » ?
Pourquoi ce désir de fuite, alors
que les jeunes qui vont en France ne se font guère d’illusions ? Ils n’ignorent
rien de ce qui les attend — les
télévisions françaises les informent bien assez sur cela.
Mais ils préfèrent cela au lieu de rester en Algérie et de ne pas «
vivre ».
En ce qui concerne la liberté d’expression, il faut que l’on
s’entende une fois pour toutes : c’est un droit, ce n’est pas une faveur !
C’est un droit qui est supérieur à la Constitution, c’est le droit naturel qu’on
acquiert à sa naissance : personne ne
devrait nous interdire de dire ce qu’on pense. La loi peut l’interdire, le
président peut l’interdire, l’armée peut l’interdire, reste qu’ils auront tort !
Ce qui va décider du choix de
l’Algérie d’être un grand pays ou un petit pays rabougri, ce sera la liberté
qu’auront les citoyens de critiquer leurs dirigeants, de dire ce qu’ils
pensent, de croire ou de ne pas croire, de critiquer ou de ne pas critiquer la
religion, etc. Il ne doit y avoir aucun "absolu"
résistant au droit des citoyens de s'exprimer pacifiquement, et le seul risque,
je le répète, que prendrait l'Algérie avec cette liberté d'expression, serait justement
d'accomplir ce qui devrait être son ambition naturelle: devenir un grand pays.
𝐁𝐫𝐓𝐯 :
Mais vous avez l’impression que
notamment après le Hirak et après le départ de l’ancien président — on est
presque maintenant à deux ans des élections présidentielles — vous avez
l’impression que l’Algérie a reculé, notamment dans ce domaine des libertés
individuelles et publiques ?
Anouar Benmalek : Ce n’est
même pas une impression, c’est une réalité. Il n’y a jamais eu autant de
prisonniers politiques. C’est même étrange que l’on puisse ne pas dire tout de
suite que l’Algérie a reculé. Combien y a-t-il de gens qui sont en prison pour
des futilités ?
Si, par exemple, on utilisait en
France les mêmes raisons pour mettre des opposants algériens en prison, si
l’État français appliquait les mêmes normes, la quasi-totalité du personnel
politique français serait en prison. En Algérie, un président de parti algérien
a pu critiquer la politique du président algérien — ce qui est le rôle même
d’un opposant — et s’est, presque aussitôt, retrouvé en prison pour ses publications sur Facebook.
C’est un véritable cauchemar.
Que l’on puisse, parce que vous
avez écrit sur un réseau social, soutenir que vous menacez l’unité de la
nation, que vous touchez ainsi aux intérêts de l’Algérie, que vous puissiez
même, dans certains cas, porter atteinte à l’armée, à la sécurité nationale,
cela est à la fois choquant et révoltant. C’est relève du stalinisme, mais dans
sa forme la plus ridicule.
Le premier geste que devrait
faire le pouvoir algérien, s’il veut rendre son sens au mot « vivre comme un
citoyen », c’est d’abord libérer tous ces citoyens emprisonnés à tort. Je crois
que beaucoup de gens en Algérie se sont trop rapidement "accommodés" que tant d’innocents croupissent en prison. Cela
revient en fait à abandonner à leur sort les militants du Hirak qui se sont battus
au prix de leur liberté pour la liberté
de tous.
Beaucoup trop d’intellectuels et
de journalistes ont "choisi" de considérer cette situation comme presque
normale. Je ne vois pas dans la presse
algérienne, que je lis pourtant quotidiennement, d’articles soulignant combien il est injuste que tant de jeunes
soient jetés en prison pour avoir manifesté leur désir de changement.
Maintenant, la situation est
telle que, si vous affirmez que telle chose manque, que le prix de la pomme de
terre est trop élevé et que vous en rendez coupable les services de l’État, eh
bien vous risquez de finir derrière les barreaux. C’est ce que sous-entend, par
exemple, le nouveau ministre de l’Information en disant que celui qui répand de
fausses informations sur le prix des denrées alimentaires attenterait à la sécurité de l’État. Quelle
idée scandaleuse !
Même un médecin peut être
condamné en Algérie à de la prison ferme
pour avoir émis des critiques sur son secteur. Tout le monde en Algérie connaît
la situation des établissements de santé du pays. Ma mère est morte dans un hôpital
algérien dans des conditions épouvantables et n'importe quel Algérien vous le
confirmera par un proverbe sévère : « Seuls ceux que Dieu aime ne vont pas à
l’hôpital » (Li habou rabi ma yrouech lel sbitar). Si, donc, vous filmez
ce qui se passe dans un hôpital, si, preuves
à l’appui, vous énoncez publiquement cette vérité banale de l’état déplorable
des hôpitaux algériens, eh bien vous risquez de vous retrouver accusé de porter
atteinte à l'État, à sa sûreté, etc.
L’Algérie ne mérite pas ça!
Ps : la transcription a été marginalement
éditée pour en faciliter la lecture
Here
is the English translation of the text by an AI. Consequently, contextual
inaccuracies or errors in meaning may occur.
November 18, 2021: Anwar Benmalek as Guest of Actuyal
on Berbère Télévision
"Freedom
of expression is a right, not a favor!"
Anouar Benmalek: Nations ascend to true greatness only if they
embrace freedom of thought and expression as the very bedrock of their society.
Should Algeria refuse this path, she shall dwindle into a minor nation—a small
country loathed by her own children, who will seek to flee her at the cost of
their lives. Indeed, this is the very spectacle we behold today.
If Algeria persists in this posture of
intolerance, who would truly desire to be Algerian? Only those with no recourse
to go elsewhere will remain. It is a harrowing admission of failure to see the
youth of Algeria’s neighborhoods consumed by a single obsession: what the
President terms the "European dream." But why is there no
"Algerian dream"?
Why this desperate urge for flight, even as the
youth who depart for France harbor few illusions? They are acutely aware of
what awaits them; the French television networks inform them well enough. Yet,
they prefer that uncertainty to remaining in Algeria and failing to truly
"live."
Regarding the freedom of expression, we must
reach a clear understanding once and for all: it is a right, not a favor! It is
a right superior to the Constitution; it is the natural right one acquires at
birth. No one should have the power to forbid us from speaking our minds. The
law may forbid it, the President may forbid it, the army may forbid it—yet they
remain in the wrong.
Algeria’s destiny—whether to be a great nation
or a withered, stunted one—will be decided by the freedom afforded to its
citizens to critique their leaders, to speak their truths, to believe or
disbelieve, and to question religion. There must be no "absolute"
that stands against the right of citizens to express themselves peacefully. The
only risk Algeria takes in granting this freedom, I repeat, is the risk of
finally achieving its natural ambition: becoming a great country.
BrTv: But do you have the impression—especially
following the Hirak and the departure of the former President, nearly
two years now since the presidential elections—that Algeria has regressed,
particularly in the realm of individual and public liberties?
Anouar Benmalek: It is more than an impression; it is a
reality. Never before have there been so many political prisoners. It is
passing strange that one could hesitate to say immediately that Algeria has
regressed. How many souls languish in prison for mere trivialities?
If, for instance, France used the same pretexts
to imprison political opponents, or if the French State applied the same
standards, nearly the entire French political class would be behind bars. In
Algeria, the leader of a political party dared to criticize the President’s
policies—the very essence of an opponent’s role—and found himself almost
instantly imprisoned for his posts on Facebook. It is a living nightmare.
That one might maintain—merely because of a few words written upon a social network—that you threaten the unity of the nation, that you thereby undermine the interests of Algeria, or that you could even, in certain instances, be deemed to have assailed the army or national security, is both shocking and abhorrent. It is a vestige of Stalinism, yet rendered in its most farcical and ridiculous form.
The first gesture the Algerian authorities must
make, if they wish to restore meaning to the concept of "living as a
citizen," is the immediate release of all those wrongfully imprisoned. I
fear too many in Algeria have become "accommodated" far too quickly
to the sight of so many innocents rotting in prison. To do so is to abandon the
Hirak activists who sacrificed their own liberty for the freedom of us
all.
Far too many intellectuals and journalists have
"chosen" to view this situation as nearly normal. In the Algerian
press, which I read daily, I see no articles emphasizing the profound injustice
of so many young people being cast into prison for merely manifesting their
desire for change.
The situation has reached such a point that, if
you affirm that a certain necessity is lacking—if you claim the price of
potatoes is too high and hold the State services responsible—you risk ending up
behind bars. This is what the new Minister of Information implies by suggesting
that anyone spreading "false information" regarding food prices is
threatening State security. What a scandalous notion!
Even a doctor in Algeria can be sentenced to a
firm prison term for voicing criticism of his sector. Everyone in Algeria knows
the state of the country’s health facilities. My own mother died in an Algerian
hospital under appalling conditions. Any Algerian will confirm this reality
with that grim proverb: "Only those whom God loves do not go to the
hospital" (Li habou rabi ma yrouech lel sbitar). Thus, if you film
the reality of a hospital—if you publicly state the banal truth of the
deplorable state of Algerian healthcare with evidence in hand—you risk being
accused of undermining the State and its security.
Algeria does not deserve this!
P.S. The transcript has been marginally edited
for clarity and readability.
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