"Un des grands romans de cette rentrée littéraire"
"Un des grands romans de cette rentrée littéraire"
Dès les premières pages, le lecteur est happé par la rencontre improbable entre Irina, soprano aux rêves de grandeur, et Walid, jeune étudiant franco-algérien en visite à Leningrad en 1978.
Devant l’entrée du musée de l’Ermitage, Irina lui demande son aide pour accéder à la « petite salle italienne » où se cache un Caravage mystérieux. Puis elle disparaît, laissant Walid épris et fasciné, lancé sur une quête qui traversera quarante années et des continents.
La force du roman réside dans la capacité de Benmalek à mêler romance intime et fresque historique. Walid tombe amoureux d’Irina Rostova, jeune chanteuse prometteuse, mais le destin décide de les séparer. Quarante ans plus tard, il revient à Saint-Pétersbourg dans l’espoir de retrouver son premier amour.
Entre-temps, Walid a traversé l’histoire : torturé par la police en Algérie, menacé par le terrorisme et contraint à l’exil en France. Ces épreuves, mêlées à ses souvenirs amoureux, nourrissent une réflexion sur le temps, la mémoire et la quête de bonheur.
Le roman s’ouvre sur des scènes d’opéra vibrantes où la musique devient langage de l’âme. Irina, sur scène, semble adresser à Walid un message unique : « J’ai tant de choses à te dire, ou plutôt, une seule, mais vaste comme la mer… » Ces phrases, simples et poétiques, condensent la profondeur du lien entre les deux personnages. Irina est présentée comme une femme ambitieuse, espiègle, et parfois audacieuse, capable d’humour et de réflexions philosophiques sur la réincarnation et le paradis. Walid, lui, oscille entre admiration, désir et mélancolie, conscient des obstacles à leur union et du titre de séjour qui approche de son terme.
Irina, un opéra russe ne se limite pas à une romance. Benmalek explore également les tragédies historiques du XXe siècle, en particulier la sombre période de l’URSS au Kazakhstan dans les années 1930, au travers de Vladimir, le grand-père d’Irina.
Les famines, les prisons, les exécutions clandestines du NKVD et la brutalité du pouvoir soviétique sont décrites avec un réalisme saisissant. Le roman juxtapose ainsi le fracas de l’histoire aux passions humaines, montrant comment le destin individuel se tisse au cœur des tragédies collectives.
La narration non linéaire est un autre trait distinctif du roman. Les allers-retours dans le temps, entre Leningrad des années 1980 et la Saint-Pétersbourg contemporaine, offrent une profondeur psychologique et une richesse émotionnelle uniques.
Certains personnages peuvent revenir dans le passé, changeant subtilement le cours de l’histoire, tandis que le lecteur navigue entre souvenirs, récits historiques et trajectoires imaginaires. Ce mélange de temporalités exige une attention soutenue, mais la puissance romanesque de l’histoire efface rapidement toute difficulté de lecture.
Saint-Pétersbourg, avec sa Neva glaciale, le Palais d’Hiver et ses monuments imposants, devient un personnage à part entière. La ville, immense et majestueuse, reflète l’intensité des émotions des protagonistes et la grandeur historique de la Russie. Benmalek parvient à conjuguer l’échelle intime et l’échelle historique, offrant au lecteur une immersion totale dans la cité et dans la mémoire des personnages.
En filigrane, le roman explore également la création littéraire de Walid adulte, devenu historien et écrivain. Entre fiction et réalité, ses livres retracent les tragédies et incohérences du monde arabe et tentent de donner un sens au chaos des sociétés humaines. Ces réflexions enrichissent le roman et montrent comment la littérature peut devenir un outil pour appréhender le hasard et l’injustice, tout en offrant une consolation face aux épreuves de l’existence.
Avec « Irina, un opéra russe », Anouar Benmalek signe une œuvre où romance, musique et histoire se rencontrent dans un style poétique et puissant. Les lecteurs amateurs de grands romans russes, d’émotions intenses et de fresques historiques y trouveront matière à voyager et à réfléchir sur l’amour, le temps et la mémoire.
Djamal Guettala
Mini-biographie
Né à Casablanca d’une mère marocaine et d’un père algérien, Anouar Benmalek est diplômé en mathématiques et titulaire d’un doctorat d’État en probabilités et statistiques soutenu à Kiev. Professeur universitaire et chroniqueur journalistique, il a participé à des reportages dans le Moyen-Orient en guerre et a été membre fondateur du Comité algérien contre la torture. Auteur de nombreux romans, il a exploré des thèmes difficiles tels que la Shoah et le génocide des Héréros et des Namas, et a parfois suscité des appels au meurtre pour ses œuvres. Son écriture mêle rigueur intellectuelle, sensibilité littéraire et engagement historique.
Irina, un opéra russe / Anouar Benmalek
Emmanuelle Collas éditions août 2025

Rendez-vous pour une rencontre littéraire en ligne avec Anouar Benmalek pour son roman Irina, un opéra russe aux Éditions Emmanuelle Collas. La rencontre sera en direct sur la plateforme Zoom.
La rencontre littéraire sera ainsi animée par Anthony Lachegar, aka Serial Lecteur Nyctalope
Date de parution : 22 Aout 2025, 484 pages
Leningrad, 1978. Irina, soprano aux rêves de grandeur, aborde Walid, étudiant algérien parti sur les traces de Napoléon en Russie, devant l’entrée du musée de l’Ermitage. Elle sollicite son aide pour atteindre sans faire la queue la « petite salle italienne », où se trouve un étrange tableau du Caravage. Puis elle disparaît. Il se prend alors d’une passion pour l’opéra russe en espérant retrouver la belle inconnue.
Commence une longue histoire d’amour qui survivra à l’absence pendant quarante années de Walid, contraint de quitter le pays précipitamment, jusqu’à ce qu’il revienne à Saint-Pétersbourg en février 2022 dans le but de retrouver Irina.
Poursuivant son exploration romanesque des tragédies du XXe siècle, Anouar Benmalek nous embarque, à travers le destin de Vladimir, le grand-père d’Irina, dans la sombre histoire de l’URSS au Kazakhstan dans les années 1930. Au sommet de son art, il use d’un imaginaire exceptionnel et d’une langue puissante pour écrire ces vies qui disent la splendeur et la misère de la grande Russie. Un texte ô combien d’actualité.
Auteur de nombreux romans, dont Le Rapt, Ô Maria, Fils du Shéol et L’Amour au temps des scélérats, Grand Prix SGDL 2022 de fiction, traduit dans une dizaine de langues, le romancier franco-algérien Anouar Benmalek a été ainsi l’un des fondateurs du Comité algérien contre la torture. Enseignant-chercheur dans une université parisienne, parlant le russe, il a passé cinq ans dans l’ancienne URSS entre Kiev, Odessa, Moscou et Leningrad à préparer une thèse de doctorat en mathématiques.
Crédit Photo © Francesco Gattoni
Mathématicien, auteur d’une quinzaine de livres dont Les amants désunis, L’enfant du peuple ancien ou Fils du Shéol, plusieurs fois primé, traduit alors dans une dizaine de langues, le romancier franco-algérien Anouar Benmalek est considéré comme « l’écrivain algérien le plus talentueux depuis Kateb Yacine » ou de « Faulkner méditerranéen ». L’un des fondateurs du Comité algérien contre la torture, alors que ses romans ont souvent été violemment attaqués dans le monde arabe par l’islamisme intégriste. Anouar Benmalek a ainsi reçu le Grand prix SGDL 2022 de fiction pour L’Amour au temps des scélérats (Emmanuelle Collas, 2021). Irina, un opéra russe est alors son dernier roman.
"𝑰𝒓𝒊𝒏𝒂, 𝒖𝒏 𝒐𝒑𝒆́𝒓𝒂 𝒓𝒖𝒔𝒔𝒆" d'Anouar Benmalek, Editions Emmanuelle Collas
disponible en librairie à partir du 22 août 2025 !
LES RENCONTRES LITTERAIRES VLEEL:
Le tout début d'"Irina, un opéra russe", d'Anouar Benmalek, aux Editions Emmanuelle Collas, en attendant sa parution fin août 2025 ...
(article publié 10 juillet 2025)