"Tu ne mourras plus demain" d’Anouar Benmalek
Un fervent hommage à la mère
Anouar Benmalek est né à Casablanca en 1956, de père algérien et de mère marocaine. Il est mathématicien de formation, il a été collaborateur à Algérie Actualité avant de s’exiler en France au début des années 1990. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages.
Le challenge de Bab edd’Art est de vous faire aimer la culture et plus encore la littérature.
Cette idée de départ qui paraissait pourtant simple, s’avérera être une mission des plus ardues, et pour cause, le large choix de livres qui sommeille dans les étagères des libraires !
Afin de résoudre ce casse-tête, la jeune équipe de la librairie du Tiers monde, jamais à court d’idées, ni de bons romans, vole au secours et sélectionne pour nous le livre de la semaine.
Ainsi, Le dernier ouvrage d’Anouar Benmalek, qualifié à ce jour comme l’un des best-sellers de l’année 2011, se retrouve à l’honneur sur Bab edd’Art.
L’auteur, souvent taxé de désinvolte, connu pour son franc parler et sa virulence sans équivoque, montre dans son très inattendu Tu ne mourras plus demain, paru aux éditions Casbah, un aspect inédit de sa personne. Il se livre sans détour dans ce récit, en rendant un fervent hommage à sa mère décédée depuis peu des suites d’un cancer.
On s’attend alors, à la mesure de la gravité du sujet, à des sentiments débités sans trop d’originalité dans le tragique, au lieu de cela, c’est une version inédite du deuil qui nous prend à la gorge. Un mélange déroutant qui contraste avec l’écriture calme et sereine de l’auteur.
Le récit traite d’une multitude de sujets, racontés sous formes d’anecdotes dans lesquelles la mère de l’auteur occupe une place centrale. Autour d’elle, gravitent des histoires de famille, d’amour, de racine et d’intégration, symptomatiques d’une société en quête d’elle-même. Mais même si les sujets foisonnent, c’est la réflexion métaphysique qui fait partie intégrante du texte. L’auteur insiste donc sur l’absurdité qui caractérise la dualité entre la vie et la mort et trouvera comme seule remède face à l’absurde, l’urgence de dire, ou mieux encore de montrer, tout l’amour qu’on a pour ceux qui comptent dans nos vies. Et même dans le cas échéant, où il serait trop-tard, la déclaration d’amour reste de mise, avec des regrets, certes, mais de mise quand-même ; à travers le texte qui instaure un magnifique dialogue imaginaire entre le fils et sa mère.
Mais nous ne pourrons nous empêcher de relever la présence d’un paradoxe dans ce récit. L’auteur qui condamne fermement l’intolérance - subie d’ailleurs par sa famille et lui du fait de leurs origines métissées- ne semble pas trouver légitime d’étendre cette condamnation au domaine de la croyance religieuse. En somme, c’est un mépris, gênant par moment, envers toute forme de culte religieux qui entachera la quête d’amour que l’auteur défend.
« Mais au bout du compte je ne suis qu’un fils, le tien, et la stupéfaction de t’avoir perdu glace mon esprit .J’ai oublié que nous conversions et que le plaisir de la conversation n’est pas de convaincre, mais surtout d’entendre la voix de l’autre, celui qui vous rend l’insigne service de vous faire sentir plus vivant au monde par la grâce de sa simple présence.
L’autre, ici, c’est toi, maman, à la fois ma mère et mon amie. Et j’ai tellement envie de t’entendre. Le vertige me prend, à la limite de la nausée, de réaliser que cela ne sera plus réalisable, sinon au travers de ma pauvre imagination.
Et puis te convaincre de quoi ?...Je ne puis m’adosser qu’à des incertitudes teintées de scepticisme, d’étonnement également, et même d’émerveillement quand la chance m’en est offerte »
Au final, c’est une interprétation très personnelle de la vie que l’auteur nous propose à travers ce récit du deuil. Une lecture agréable dont on ne ressort pas tout à fait indemne du fait de la réflexion qu’elle suscite et de l’effort de partage qu’elle implique.
Que de bons moments en perspective ! Parole de Bab edd’Artiste !
Megherbi Ménissa. (6 janvier 2006)
Un fervent hommage à la mère
Anouar Benmalek est né à Casablanca en 1956, de père algérien et de mère marocaine. Il est mathématicien de formation, il a été collaborateur à Algérie Actualité avant de s’exiler en France au début des années 1990. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages.
Le challenge de Bab edd’Art est de vous faire aimer la culture et plus encore la littérature.
Cette idée de départ qui paraissait pourtant simple, s’avérera être une mission des plus ardues, et pour cause, le large choix de livres qui sommeille dans les étagères des libraires !
Afin de résoudre ce casse-tête, la jeune équipe de la librairie du Tiers monde, jamais à court d’idées, ni de bons romans, vole au secours et sélectionne pour nous le livre de la semaine.
Ainsi, Le dernier ouvrage d’Anouar Benmalek, qualifié à ce jour comme l’un des best-sellers de l’année 2011, se retrouve à l’honneur sur Bab edd’Art.
L’auteur, souvent taxé de désinvolte, connu pour son franc parler et sa virulence sans équivoque, montre dans son très inattendu Tu ne mourras plus demain, paru aux éditions Casbah, un aspect inédit de sa personne. Il se livre sans détour dans ce récit, en rendant un fervent hommage à sa mère décédée depuis peu des suites d’un cancer.
On s’attend alors, à la mesure de la gravité du sujet, à des sentiments débités sans trop d’originalité dans le tragique, au lieu de cela, c’est une version inédite du deuil qui nous prend à la gorge. Un mélange déroutant qui contraste avec l’écriture calme et sereine de l’auteur.
Le récit traite d’une multitude de sujets, racontés sous formes d’anecdotes dans lesquelles la mère de l’auteur occupe une place centrale. Autour d’elle, gravitent des histoires de famille, d’amour, de racine et d’intégration, symptomatiques d’une société en quête d’elle-même. Mais même si les sujets foisonnent, c’est la réflexion métaphysique qui fait partie intégrante du texte. L’auteur insiste donc sur l’absurdité qui caractérise la dualité entre la vie et la mort et trouvera comme seule remède face à l’absurde, l’urgence de dire, ou mieux encore de montrer, tout l’amour qu’on a pour ceux qui comptent dans nos vies. Et même dans le cas échéant, où il serait trop-tard, la déclaration d’amour reste de mise, avec des regrets, certes, mais de mise quand-même ; à travers le texte qui instaure un magnifique dialogue imaginaire entre le fils et sa mère.
Mais nous ne pourrons nous empêcher de relever la présence d’un paradoxe dans ce récit. L’auteur qui condamne fermement l’intolérance - subie d’ailleurs par sa famille et lui du fait de leurs origines métissées- ne semble pas trouver légitime d’étendre cette condamnation au domaine de la croyance religieuse. En somme, c’est un mépris, gênant par moment, envers toute forme de culte religieux qui entachera la quête d’amour que l’auteur défend.
« Mais au bout du compte je ne suis qu’un fils, le tien, et la stupéfaction de t’avoir perdu glace mon esprit .J’ai oublié que nous conversions et que le plaisir de la conversation n’est pas de convaincre, mais surtout d’entendre la voix de l’autre, celui qui vous rend l’insigne service de vous faire sentir plus vivant au monde par la grâce de sa simple présence.
L’autre, ici, c’est toi, maman, à la fois ma mère et mon amie. Et j’ai tellement envie de t’entendre. Le vertige me prend, à la limite de la nausée, de réaliser que cela ne sera plus réalisable, sinon au travers de ma pauvre imagination.
Et puis te convaincre de quoi ?...Je ne puis m’adosser qu’à des incertitudes teintées de scepticisme, d’étonnement également, et même d’émerveillement quand la chance m’en est offerte »
Au final, c’est une interprétation très personnelle de la vie que l’auteur nous propose à travers ce récit du deuil. Une lecture agréable dont on ne ressort pas tout à fait indemne du fait de la réflexion qu’elle suscite et de l’effort de partage qu’elle implique.
Que de bons moments en perspective ! Parole de Bab edd’Artiste !
Megherbi Ménissa. (6 janvier 2006)
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